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Session 1
Bonjour ! Je m’appelle Hiroyuki MATSUI, artiste-céramiste de Bizen.
C’est à l’âge de 39 ans, en plein milieu de ma carrière dans une banque d’investissement, que j’ai décidé de me convertir au métier de céramiste. J’ai été fasciné par le monde du vieux Bizen dont l’histoire remonte au 16ème siècle. Les œuvres de cette époque, classées dans la catégorie dites de Momoyama Ko-Bizen, sont considérées comme étant les plus prestigieuses de toutes les pièces de Bizen par les collectionneurs au goût raffiné.
Après avoir été formé dans l’École d’art céramique de Bizen, j’ai fait mon apprentissage dans l’atelier du maître Togaku MORI pendant six ans. J’ai ensuite bâti mon propre four de 20 m de long ainsi que mon atelier, dans la commune d’Aïoï près de la région de Bizen.
Session 2
Mes activités de créateur de Bizen ont trois objectifs clés :
Premièrement, mes œuvres doivent être à la fois fonctionnelles et esthétiques. Ce concept est appelé “la beauté de l’utilité”, ou yo no bi en japonais. Les pièces doivent être faciles à utiliser et adaptées aux besoins quotidiens. C’est en étant utilisées tous les jours qu’elles deviennent familières, agréables, conviviales et même attachantes. La beauté discrète de ces petits trésors vous apporte des joies quotidiennes.
Alors que l’école de Bizen traditionnel reste attachée à son style de céramique épaisse, lourde et de forme quelque peu déséquilibrée, je souhaite que mes créations soient plus fines, légères, mais résistantes en même temps et plus symétriques. J’ai atteint cet objectif en utilisant des plaques d’argile pressées à la main et non des plaques réalisées avec un tour électrique.
Session 3
Mon deuxième enjeu est de préserver le procédé traditionnel de Bizen qui, depuis 800 ans, consiste à utiliser des fours à bois et des glaçures non artificielles. La couleur Hidasuki, un rouge naturel développé par les maîtres de Bizen, reste très sollicitée par les collectionneurs. Une glaçure naturelle de Bizen appelé Goma apporte une beauté complexe aux œuvres finies.
Mon four de 20 m de long est réchauffé pendant deux semaines, uniquement avec des bûches de bois de différents arbres. Fidèle à la tradition de Bizen, je n’ai recours ni au gaz ni à l’électricité.
Session 4
Ma troisième ambition est de répondre aux besoins modernes.
Tout en restant fidèle au style classique de Momoyama Ko-Bizen, je cherche à créer quelque chose de plus résistant, fonctionnel et mieux adapté aux usages quotidiens.
C’est dans ce cadre que j’ai travaillé avec un fabricant d’enceintes acoustiques de haut de gamme pour réaliser un système d’enceinte Bizen. Celui-ci est très apprécié par les mélomanes qui ne s’intéressent pas forcément à Bizen, mais qui aiment l’association de la belle poterie et leur musique favorite.
Un autre exemple concerne les trois jarres géantes de 300 litres chacune, appelées Sangoku Kamé, que j’ai fabriqué pour un brasseur de saké de la région de Tohoku fondé il y a 400 ans. Celui-ci utilise mes jarres pour faire revivre la saveur de leur saké traditionnel, mais également pour inventer des nouveaux.
Session 5
La préparation de l’argile est une étape essentielle du procédé de Bizen. J’ai cinq types d’argiles Bizen appelés Hiyosé. Nous creusons 3 à 5 m sous terre pour les extraire. Je les laisse à l’air libre au moins pendant quelques années, jusqu’à ce qu’ils soient complètement couverts d’herbes. Je ne sais pas exactement pourquoi on procède ainsi, mais il s’agit apparemment d’une règle d’or pour obtenir une qualité optimale.
Session 6
Beaucoup de mes œuvres sont exposées dans ma galerie au sein d’une ferme rénovée dont la structure originale date d’un siècle. J’organise régulièrement des expositions au Japon et dans le monde.
Afin de m’implanter dans le marché numérique moderne, j’ai récemment lancé mon propre site Web pour promouvoir mes œuvres auprès des internautes qui peuvent s’intéresser aux petits trésors de l’artisanat japonais.
J’espère avoir le plaisir de vous accueillir très bientôt dans ma galerie, dans une de mes expositions ou en ligne !